La relaxation à portée de main
Journal Le Monde du 11/10/2011
LES MEDECINES CHINOISES S'INFILTRENT À L'HOPITAL (extrait)
Cela fait des années que Sabine (le prénom a été changé) a des vertiges. Elle est suivie dans le service d'oto-rhino-laryngologie (ORL) du professeur Georges Lamas, à l'hôpital parisien de La Pitié-Salpêtrière. Après deux séances de shiatsu, la sensation de "tête flottante" qui l'incommode a disparu. Le shiatsu, littéralement "pression des doigts", est une technique d'origine japonaise. C'est une médecine énergétique qui vise à rétablir l'harmonie du corps en agissant sur les méridiens, selon le principe de la médecine traditionnelle chinoise. Sabine fait partie de la trentaine de patients de ce service à avoir suivi des séances de shiatsu.
"Cette pratique vise à apporter un complément, voire un réconfort aux patients qui sont en souffrance. La rééducation classique ne soigne pas tous les symptômes: acouphènes, raideurs de la nuque, stress" explique Sophie Jamet, infirmière diplômée en rééducation vestibulaire, à l'origine du projet qui a démarré il y a un an.
Si les bienfaits du shiatsu sont réels, la prochaine étape serait d'évaluer scientifiquement ses effets, indique Céline Kilhoffer, cadre de santé. Une étude, en cours de procédure, sur l'apport du shiatsu pour atténuer la fatigue lièes à certaines pathologies neurologiques comme la sclérose en plaques (SEP), la maladie de Parkinson ou la sclérose latérale amyotrophique (SLA), devrait démarrer au second semestre 2012 dans le cadre d'un programme hospitalier de recherche clinique (PHRC), à l'initiative du docteur Nadine Le Forestier, neurologue à La Pitié-Salpétrière.
Le shiatsu fait partie des nombreux traitements complémentaires qui font leur entrée dans les hôpitaux. Une vingtaine de services des hôpitaux de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) intègrent la médecine chinoise, médecine ancestrale. Elle recouvre quatre grandes disciplines: la pharmacopée, l'acupuncture, les massages thérapeutiques (tui-na, shiatsu) et les pratiques psycho-corporelles (qi gong et taï-chi).
"Notre but est d'identifier quels traitements peuvent être efficaces en intégrant la médecine chinoise à la prise en charge conventionnelle", souligne Catherine Viens-Bitker, chargée de cette question à la direction de la politique médicale de l'AP-HP. "Cela peut être très utile en prévention secondaire des maladies chroniques" poursuit-elle. "J'ai suivi une femme atteinte d'un cancer du sein en chimiothérapie. Elle avait des picotements très forts au bout des doigts, de fortes douleurs dans les mains, et perdait ses ongles. Après une séance de shiatsu et de l'acupuncture, la douleur a disparu, les picotements sont devenus gérables et elle n'a plus perdu ses ongles", se souvient Maxime Rigobert, praticien en shiatsu.......
Pascale Santi
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L'hôpital Cochin ouvert au Shiatsu:
Après l'hypnose et la sophrologie, les hôpitaux parisiens s'ouvrent maintenant aux médecines orientales. Tout a commencé en interne avec la prise en charge du personnel médical, qui s'en trouvait la plupart du temps ravi et enthousiaste. Cela a récemment débouché sur de réelles collaborations qui se sont mises en place pour proposer aux patients des alternatives à la prise médicamenteuse. Sous l'impulsion du professeur Bernard Débré, l'hôpital Cochin intègre aujourd'hui à part entière, la pratique de cette relaxation énergétique. Il témoigne d'ailleurs de l'importance d'un lâcher prise mental dans le processus de guérison: "La relaxation du mental, c'est une technique qui permet de se sentir mieux physiquement et moralement. Les deux sont liés. Ce que je regrette c'est effectivement que cela ne soit pas plus généralisé."